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Les Jumelles

Dans la salle de réception, un brouhaha désagréable prenait lentement possession des lieux. Le regard appliqué d'Ernest Puppa parcourait l’assemblée. Il se tenait dans un coin de la pièce, les mains occupées par un verre de champagne et un petit sandwich apéritif au saumon. Chaque année, il faisait partie de la liste d'invités d'un cocktail qu'organisait la sous-préfecture de Gex. Dans ce joli petit coin de France lové entre la Suisse et la chaîne du Jura, ses exploits de détective lui avaient permis une certaine notoriété. Après avoir salué ses hôtes et avoir reçu les compliments du sous Préfet concernant les résultats brillants de sa dernière enquête, il avait retrouvé un endroit stratégique qui lui permettait une vue globale sur l'ensemble des convives.

Tous les notables et les V.I.P. étaient de la fête. Parmi les personnages importants, il reconnaissait quelques petits escrocs qui vivaient grassement au crochet de la bonne société locale. Monsieur Niber, par exemple, qui rebondissait de faillite en faillite mais qui menait grand train de vie s'employant par son beau parlé d'intégrer les commissions industrielles locales.

Mais enfin, ce n'était pas vraiment ce qui occupait son esprit à présent. Monsieur et madame Poiron, un couple qu'il appréciait particulièrement, venait de pénétrer dans l'endroit. L’homme, chirurgien réputé tenait à son bras sa très jolie épouse, un ancien mannequin de quelques vingt ans de moins que lui. Tous deux culminaient à plus d'un mètre quatre vingt cinq et dénotaient parmi la gente de taille plutôt petite. Le duo se dirigea immédiatement vers le sous préfet et échangea avec lui quelques mondanités. Madame Poiron resplendissait par sa beauté et sa distinction. De longs cheveux bruns croulaient sur des épaules qu'une robe de grand couturier découvrait de la plus belle façon.

Après quelques instants de discussion, tout en s'excusant, elle se détacha de son homme pour se diriger avec une élégance angevine vers le large buffet qui lui tendait les bras. Se délectant d'une gorgée de sangria elle visita du regard l’ensemble des convives. Ses yeux pointèrent en direction de Puppa. Elle lui décocha un sourire agréable, semblant murmurer un bonjour dans le coin de ses lèvres. Notre inspecteur s'empressa de lui répondre de la même façon. Puis son inspection poursuivit son chemin. Soudain, un air de surprise ou de contentement éclaira son visage. Puppa, curieux de cette réaction, essaya d'escorter son regard, qui s'immobilisa conjointement sur une superbe créature qui semblait en admiration devant un tableau qui décorait une cloison. La blondeur de cette personne fit immédiatement chavirer le cœur d'Ernest.

Et oui ! Son célibat commençait à lui peser sévèrement et depuis quelques temps, il cherchait activement l'âme sœur. Le besoin pressant de faire connaissance avec cette jolie femme s’imposa naturellement à son esprit. Il se dirigea donc lentement en direction de l'objet de ses désirs, ses pensées s'activant à rechercher les mots qui lui permettraient une entrée en matière intelligente. Arrivé à quelques mètres de la donzelle, il se racla la gorge prêt à décocher l’une de ses litanies séductrices.

Mais, malheureusement pour lui, madame Poiron armée de la même intention, prit le devant de la conversation :

« Jolie toile !  

La jolie blonde se tourna vers elle, sourit et répondit.

-Je ne connais pas le nom de ce peintre, est-ce un artiste local ? »

Puppa, dont l'ardeur avait brutalement été suspendue regardait maintenant discrètement les deux femmes. Il admirait la beauté de sa nouvelle découverte. Petite, mais admirablement proportionnée la belle aux cheveux d'or fixait présentement, de son regard d'un bleu azur, madame Poiron, qui sans s'intéresser à la question, répondit :

« Êtes-vous nouvelle venue dans la région ?

-Tout à fait! Répondit-elle, l'air enchanté que quelqu'un s'intéresse enfin à sa présence.

-Je me présente Hélène Poiron!

-Caroline Sédrique! Répondit la belle. Je suis effectivement nouvelle dans la région. Je suis arrivée, il y a trois mois de cela accompagnée de ma sœur jumelle. Je travaille à l'O.M.S.. Je connais un petit peu votre mari ajouta t’elle l'air intimidé. Il a donné une brillante conférence au sein de notre organisme et j'ai eu l'honneur d'être à sa table lors du banquet qui s'ensuivit.

Madame Poiron semblait sous le charme de cette jeune femme. Leur conversation continua et Puppa eu l'impression qu'une certaine euphorie accompagnait leurs propos, un peu comme... 

-Non j'ai certainement une fausse impression ! Pensa Puppa.

Mais pourtant les attitudes, le comportement, les postures des deux femmes dévoilaient aux yeux de notre investigateur, tous les "symptômes" d'un coup de foudre, de la naissance d'une relation amoureuse. 

Caroline tout sourire regarda sa montre.

-Ma sœurette est encore en retard.

-Vous ne vivez pas ensemble?

-Non, elle est peintre. Elle vit à quelques encablures de Péron dans une petite maison qu'elle souhaite très tranquille. Nous ne vous voyons pas très souvent car moi, j'ai élu résidence à Divonne...

Puppa laissa nos deux nouvelles amies à leur conversation. Quelques toasts appétissants, il en était certain, lui permettraient de calmer son émotion désavouée.

La longue discussion qu’avaient entrepris nos deux nouvelles copines intrigua monsieur Poiron qui bientôt les rejoint. Reconnaissant son interlocutrice, il expliqua à sa mie qu'il avait déjà rencontré son interlocutrice lors d'une réunion médicale.

-Je suis au courant ! Répondit-elle.

Puis elle ajouta :

« Je viens justement de proposer à Caroline de venir manger à la maison ce prochain week-end. 

-Parfait! Excellente idée, je serai très heureux de mieux vous connaître !

Caroline, jeta un coup d'œil à sa montre, s'excusa au près des Poirons. Il fallait malheureusement qu'elle rentre se reposer. Demain matin de très bonne heure, elle devait prendre l'avion qui l'emmènerait pour quelques jours en Albanie pour une mission sanitaire importante.

-J'ai encore manqué ma frangine! Dit-elle l'air navré. A samedi prochain !

Puppa occupé à se remplir la panse, remarqua tout de même le départ de Caroline. Il la regarda gondoler jusqu'à la sortie, songeant qu'il venait de manquer une bonne occasion de se trouver une ravissante amie.

La soirée continua bon train…

Vers minuit, personne ne remarqua vraiment l'entrée discrète de cette dame aux cheveux blonds rejetés en arrière. Elle ressemblait singulièrement à Caroline, mais sa démarche et son accoutrement ne parsemaient pas l'aura qu'intimait son double.

Notre inspecteur qui conversait maintenant avec le chirurgien, ne prêta qu’une attention modérée à cette personne. Par contre monsieur Poiron, furtivement, la suivit du regard. Peut-être avait-il réalisé qu'il se trouvait en présence de la jumelle. 

La fille ne s'appesantit pas. Suite à la recherche infructueuse de sa sœur, elle quitta les lieux aussi rapidement qu'elle était entrée.

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Caroline, admirait le luxe qui submergeait la demeure. Cette magnifique maison ancienne était décorée avec un soin délicat et les objets précieux émergeaient à chaque recoin.

« Vous êtes merveilleusement installée! Osa t'elle, s'adressant à Hélène qui la regardait avec amusement.

-J'ai passé beaucoup de temps à chiner pour trouver tous ces objets. Je me rends à Paris une semaine par mois, et je connais le marché aux puces sur le bout des doigts.

Elle prit Caroline par la main.

-Venez, allons voir mon mari!

La pièce était immense. Jean se leva à l'arrivée des deux femmes et un large sourire aux lèvres remercia l'invitée de sa présence. 

-Vous êtes dans mon antre intime ! Dit-il. La décoration n'y est certainement pas à la hauteur des exigences de ma femme, mais tous les objets qui se trouvent ici représentent un moment furtif de mon existence. Notre bonne est interdite de nettoyage en ce lieu sacré ! Ajouta t'il en riant.

Le regard de Caroline se porta sur une vitrine qui contenait une multitude de pistolets. Voyant son étonnement  Jean devança la question qui ne tarderait pas à venir :

« Dans ma jeunesse, j'étais un champion de tir à vingt mètres. J'ai gardé l'ensemble des armes qui m'ont suivi autour du monde. Elles sont soigneusement bouclées dans ce petit meuble, d'ailleurs je ne sais même plus où j'ai mis la clef. 

-Voyons chéri, elle est glissée sous ta coupe des championnats d'Europe!

En effet, à deux mètres du sol, alignés sur une étroite étagère se trouvaient un ensemble de trophées avec en son centre celle de la fameuse compétition internationale. Ce magnifique objet était perché sur quatre solides pieds et trouvait avec peine sa place sur le rayonnage trop étroit. Une légère poussière dénotait l'absence d'un ménage suivi et soigné qui était l'apanage du reste de la maison.

La soirée se déroula à merveille, un magnifique dîner accompagné de vins savoureux s'ajouta à une ambiance chaleureuse. Hélène dévisageait Caroline d'un air passionné, comme absorbée par les moindres paroles que sont invitée prononçait. Jean ne semblait pas s'apercevoir de cet élan amoureux qui semblait submerger sa femme envers la jolie convive, ou peut-être, était-il complice de cette ardeur incongrue ?

 Le fait est que quelques instants avant son départ Hélène glissa un mot dans la main de Caroline et ses lèvres volontairement effleurèrent les siennes.

« Donnez le bonjour à Sophie ! Sollicita Jean en la raccompagnant à sa voiture.

-Qui est cette Sophie ? Demanda sa femme quelques instants plus tard. 

-C'est sa sœur jumelle ! Répondit-il avec une mine d'évidence.

Regardant la voiture de son hôte s'éloigner lentement dans la nuit, Hélène s'interrogea  sur cette fameuse Sophie. 

-Tu connais sa sœur ?

-Oui, je l'ai croisée, elle exposait ses peintures à l'O.M.S.! Répondit-il distraitement.

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Tendrement enlacées, les deux femmes restaient immobiles. Le silence régnait en maître dans la chambre qui affichait une décoration sommaire. Voluptueusement, la main d'Hélène se confondait tendrement dans l'abondante blondeur de Caroline. Un sourire coquin s'esquissa sur les lèvres de la belle. Un soupire ou plutôt un murmure sortit de sa bouche en direction de son amie :

« Demain j'aurai le plaisir de rencontrer ta sœurette à l'exposition de ses œuvres ! J'espère que tu y seras également ?

Caroline ne répondit pas. Perdue dans ses pensées. Le lien amoureux qu’elle entretenait avec cette femme la troublait profondément. Elle n'avait pourtant jamais eu de pulsions amoureuses pour des personnes de son propre sex. Enfin c'était avant, avant d'avoir, il y a quelques mois, rencontré Hélène. Elle s'était laissée séduire, emportée dans une relation qu'elle croyait ne pas vraiment désirer. Elle se sentait pourtant heureuse. Confondue par l'attirance qui semblait la posséder. 

La question de son amie réapparue à son oreille :

« Tu seras là demain ?

-Non, malheureusement je dois de nouveau partir pour une mission d'une semaine. 

-Est-ce que tu l'aimes ?

Caroline parut surprise par cette question.

-Ma sœur ? Nous sommes très différentes… Son activité artistique a certainement creusé une brèche entre nous. La peinture est pour elle sa seule raison de vivre, en période de création, elle peut rester enfermer à l'écart du monde pendant de longues semaines.

-Elle n'a donc personne dans sa vie.

-Non, je ne crois pas. Je ne sais pas. Nous ne nous voyons pas très souvent !

Hélène regarda la petite horloge qui affichait déjà une heure du matin. Lentement elle se leva, un peu à regret, il était temps pour elle de rejoindre son bercail. Jean l'attendait peut être.

-Au revoir ma chérie, on se voit samedi prochain. Téléphones-moi !

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Monsieur et madame Poiron arrivèrent dans la salle d'exposition. Il n'y avait pas vraiment foule. Sophie s'occupait d'un acheteur potentiel, lui décrivant les émotions qui lui avaient permis de réaliser cette collection. Hélène ne put que constater la ressemblance parfaite de l'artiste avec son amante. Seule sa façon de s'habiller et de se mouvoir pouvait enlever tout équivoque. Le couple s'approcha lentement de Sophie, s'arrêtant quelques fois pour commenter quelques toiles. 

Hélène s'empara de quelques-unes des cartes de visites de l'artiste, certaines des oeuvres exposées pourraient intéresser quelques-unes de ses relations.

« Bonjour Jean !

Le large sourire de bienvenue de Sophie se pointa devant eux.

-Bonjour ma chère! Répondit Jean. Je te présente Hélène, ma femme.

La main tendue effleura celle de la jolie brune. 

-Madame, je suis très heureuse de vous rencontrer ! »

Hélène dévisageait son interlocutrice, elle cherchait tous les moindres détails qui la différenciaient de sa chérie. Une légère tâche sur le lobe de l'oreille, des lèvres légèrement plus pulpeuses, des yeux fuyants d'un bleu certainement plus clair. 

« Sa façon de s'habiller est vraiment très différente ! Elle n'a pas du tout l'élégance de sa sœur! » Pensa Hélène.

Par contre, il ne semblait pas que ce soit le cas de son mari. Une étincelle bien particulière ornait maintenant son regard, sa voix s'était faite plus douce, et sa tête légèrement penchée semblait admirer sa jolie petite interlocutrice. 

« Madame Poiron, j'espérais te trouver ici!

Paul, son ami d'enfance venait de l'apercevoir. Il l'a pris par la main.

-Monsieur Poiron, je vous enlève votre femme ! Dit-il en rigolant.

Jean acquiesça en plaisantant.

-J'espère que cette fois ci, vous ne serez pas trop gourmand avec la rançon ! »

Hélène le suivit pour rejoindre un groupe de ses amis. Durant l'heure qui s’enchaîna, elle ressentit beaucoup de mal à se mêler à la conversation. Son mari qui était resté seul avec Sophie, semblait adorer sa compagnie. Lui, qui à l'habitude était si sérieux, éclatait souvent de rire et affichait une décontraction incongrue. 

« Je suis jalouse ! » Se dit-elle.

Pourtant, sur le chemin du retour. Elle ne laissa rien transparaître et guida la conversation sur des sujets qui ne possédaient aucune relation avec leur soirée.

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Hélène quitta son bercail, sa semaine parisienne se profilait enfin devant elle.

« Fais de bonnes trouvailles ! » Lui dit son mari en l'embrassant devant l'aéroport de Genève.

Hélène regarda la voiture de son compagnon s'éloigner et faisant un dernier geste d'adieu, elle pénétra dans l'aérogare tirant de sa main gauche sa petite valise.
Elle Prit un café crème au bar.
Puis, le visage sombre, elle sortit du bâtiment et monta dans un taxi.

« Hôtel de la gare ! » Dit-elle.

Quelques minutes plus tard, elle installa ses affaires dans une petite chambre qu'elle avait louée sous un faux nom  et s’affala sur son lit.

Le soir venu, elle s'engouffra de nouveau dans un taxi et lui demanda de la laisser à l'entrée de son village.

Dans la pénombre, le pas mal assuré, elle parcourut les quelques six cents mètres de chemin trop tranquille qui la séparait de sa villa. Sa demeure semblait toujours déserte.
Mais, elle en était certaine, il viendrait ici avec sa maîtresse.
Dans le bureau de son mari, des gants de soie recouvrant ses mains, elle se hissa sur la pointe des pieds, saisie une petite clef, ouvrit l'armoire. Celle qui exposait les armes de compétition de son époux. Elle s'empara d'un des pistolets, le chargea, puis après avoir soigneusement refermé la vitrine, remit la clef à sa place habituelle. Il ne lui restait plus qu’à attendre...

Vers minuit, ses fines oreilles reconnurent ce vrombissement familier de Mercedes qu’elle connaissait si bien. Bientôt la voix de son homme, accompagnée de gloussements féminins pénétrèrent dans sa demeure. Soigneusement cachée, Hélène surveillait la scène. Jean et Sophie maintenant tendrement enlacés se dirigèrent directement dans l'antre que son homme se réservait. Rapidement, les soupires de plaisirs ne cachèrent aucunement la passion de leurs ébats. Hélène les poings serrés sur l'arme qu'elle avait dérobée, pleurait à chaudes larmes.

Vers deux heures du matin, Sophie prit congé de Jean. Et le silence reprit possession de la maisonnée. 

Sans un bruit, Hélène s'avança vers la pièce témoin de l'adultère. Nu, son mari assis sur son fauteuil humait les yeux fermés, un mouchoir qui devait appartenir à sa bien aimée. 

Elle hurla :

« Salaud! Tu me trompes ! »

Jean sursauta brusquement. Il regarda sa femme avec étonnement…

Elle ne lui laissa aucune chance.

Une balle logée dans le ventre, il agonisa quelques instant avant de mourir. 

Hélène ne tremblait même pas. Ce crime semblait complètement surréaliste, incroyable. A vrai dire, Hélène ressentait en elle, une sorte de soulagement. Cette vengeance démesurée lui permettrait de continuer sa vie en toute liberté, accompagnée pour toujours de sa douce Caroline.

Elle remit Le pistolet à son emplacement d'origine. 

Puis, calmement, elle accomplit son programme. Empoigna la veste de sa victime et la jeta prêt de son cadavre, puis prit l'une de ces mains inerte et la glissa dans le revers du veston. Ensuite, sortant un portefeuille de cette même poche, elle l'ouvrit, le macula de sang, et abandonna une carte de visite entre les doigts du mort. Son dessein accomplit, froidement, elle quitta le lieu de son crime.

Sa nouvelle vie venait de commencer. 

Le lendemain matin, un avion l'emmena à Paris...

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Ernest était de retour de quelques agréables journées de vacances passées au sein de sa famille. Assis à son bureau, il parcourait avec peu d'attention le petit paquet de courrier et notes de services qui s'étaient rapidement accumulés durant son absence. Le nom de Poiron interrompit sa rêverie et le ramena brusquement à la réalité. Il parcourut rapidement le rapport sur la macabre découverte faites deux jours auparavant. Un lot d'indices très convaincant avait permis à son collègue l'inspecteur Purbon d'interpeller l'évidente coupable, Sophie Sédrique. 

« Salut Ernest! Tu t'es bien reposé ?

-Bonjour mon pote. Tu as fait des exploits en mon absence!

Purbon, particulièrement fier de l'affaire qu'il venait de résoudre, s'amusa de la remarque de son ami.

-Et bien oui, vite fait, bien fait. Bon, d'accord ce n'était pas très difficile. Le défunt nous a pratiquement tendu le nom de la coupable. Avant de mourir, il a eu le temps de sortir la carte de visite de son meurtrier.

-Mais où était sa femme ?

-Elle était partie pour quelques jours à Paris et monsieur en avait profité pour fricoter avec une jolie petite demoiselle, peintre de son état. Il semblerait que leurs ébats terminés, pour une raison que nous ne connaissons pas encore elle l'a liquidé froidement.

-Triste affaire ! Songea notre inspecteur.

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Hélène était inquiète.

Comme elle l’espérait, la police l'avait contactée dans son appartement parisien, lui annonçant la mort de son mari. Elle était revenue dans le Pays de Gex par le premier avion. Bonne comédienne, elle  avait, d'une convaincante façon fait croire en son affliction. Elle avait choisi de se réfugier à l'hôtel, refusant pour l'instant de retourner dans sa demeure. Au policier qui vainement avait essayé de consoler sa frauduleuse peine, elle avait ajouté :

« Jamais je ne retournerai dans cette maison maudite, je vais la mettre en vente !

Mais, pour l'instant se n'était plus le centre de ses pensés. Ce qui la tourmentait, s'était l'impossibilité de joindre sa douce Caroline. Son téléphone restait muet à ses appels et son bureau ne répondait pas. 

-Où es-tu mon amour ?

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